La restauration des berges : Adapter le génie végétal à la sécheresse

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Le projet GeniMed vise à adapter le génie végétal au changement climatique pour protéger durablement nos territoires des risques liés à l’eau.

ripisylves qui tiennent les berges d'une rivière

Créé le 08/12/25

Le projet GeniMed propose de développer des solutions fondées sur la nature (SfN) innovantes pour réduire les risques d’inondation et d’érosion, en particulier lutter contre l’érosion des berges, tout en restaurant la biodiversité et en s’adaptant aux sécheresses de plus en plus fréquentes.

Pourquoi adapter nos solutions face aux risques liés à l’eau ?

Inondations, glissements de terrain, érosion ou sécheresses : les risques liés à l’eau augmentent avec le changement climatique. En France, 18,5 millions d’habitants et 11,1 millions de logements sont concernés, pour un coût économique de 30 milliards d’euros sur les 30 dernières années. La multiplication d’épisodes extrêmes illustre l’urgence d’adapter nos territoires : la dépression Kirk et les deux crues cévenoles de 2024 ont occasionné à eux seuls près de 145 000 sinistres pour un coût estimé à plus de 700 millions d’euros.

Les solutions fondées sur la nature (SfN)

Contrairement aux ouvrages « tout béton » souvent coûteux et rigides, les solutions fondées sur la nature (SfN) restaurent les fonctions naturelles des écosystèmes pour atténuer l’impact des événements extrêmes . Elles réduisent la vitesse de crue, stabilisent les sols et améliorent la biodiversité tout en étant économiquement plus sobres.

Le génie végétal : une solution naturelle déjà éprouvée

Le génie végétal dans ce projet consiste à utiliser des plantes vivantes pour stabiliser les berges, contrôler l’érosion et protéger les habitations. Les racines renforcent la cohésion du sol, les branches ralentissent les écoulements et retiennent les sédiments. Ces techniques, utilisées depuis longtemps, sont efficaces même dans des contextes difficiles comme les torrents de montagne.

Des avantages multiples

  • Protection durable des infrastructures et habitations
  • Réduction des coûts d’entretien par rapport aux ouvrages de génie civil
  • Amélioration de la biodiversité et création d’espaces de nature en ville
  • Atténuation des effets du changement climatique et un meilleur bilan carbone grâce au stockage du carbone et à la régulation thermique.

Pourquoi un projet comme GeniMed est-il nécessaire ?

Malgré ses avantages, le génie végétal rencontre des obstacles :

  • La sécheresse, qui provoque une mauvaise reprise des végétaux dans plus de 20 % des échecs étudiés.
  • Le stress hydrique en période sèche et le développement des pathogènes forestiers peuvent conduire à la disparition d’espèces historiques qui avaient une fonction de tenue des berges.
  • Les invasions biologiques, qui remplacent les espèces locales par des plantes exotiques envahissantes n’offrant pas les mêmes capacités de stabilisation des berges et d’accueil pour la biodiversité.
  • Une faible acceptation sociale, car ces solutions sont parfois perçues comme moins fiables que le béton.

Face au changement climatique et au doublement attendu des épisodes de sécheresse d’ici 2050, il devient indispensable de repenser ces techniques. C’est là qu’intervient GeniMed.

Les objectifs du projet GeniMed

1. Adapter les techniques de génie végétal à la sécheresse et aux changements globaux à venir.

2. Identifier et tester des espèces et des populations d’espèces résistantes à la sécheresse et à l’invasion des espèces exotiques.

3. Analyser les expériences existantes de restauration de berges et de ripisylves pour comprendre les facteurs de réussite ou d’échec.

4. Impliquer les acteurs locaux et la population afin de favoriser l’acceptation de ces solutions.

5. Développer des outils pratiques : guides techniques et une application mobile de géocaching participative.

Une méthodologie innovante et participative

1. S’inspirer de modèles des milieux méditerranéens. 

Les chercheurs analyseront les ripisylves méditerranéennes, des forêts de rives capables de résister à la sécheresse et de stabiliser les berges même en conditions difficiles. Ces modèles naturels serviront à identifier des espèces adaptées à la sécheresse et aux techniques de génie végétal et des techniques reproductibles ailleurs en France.

2. Apprendre des expériences existantes. 

Un retour d’expérience sur plus de 50 ouvrages réalisés en zones sèches permettra de comprendre les causes de succès ou d’échec et de développer des recommandations opérationnelles pour les gestionnaires. Ce retour d’expérience se fera au travers de visites terrain et d’une enquête auprès de gestionnaires de cours d’eau afin d’identifier leurs pratiques concernant l’origine des espèces.

3. Tester et innover. Des expérimentations seront conduites :

  • En pépinière (ex-situ) : tests de résistance au stress hydrique sur différentes espèces et/ou populations de saules, peupliers, tamaris et autres espèces à potentiel identifiées dans les modèles de ripisylves méditerranéennes fonctionnelles.
  • Sur le terrain (in-situ) : ouvrages pilotes dans la vallée du Rhône, la vallée du Buëch et la Brévenne-Turdine, intégrant de nouvelles techniques de génie végétal et des espèces mieux adaptées au climat futur. Les ouvrages expérimentaux réalisés serviront de sites démonstrateurs pour promouvoir les techniques de génie végétal auprès des gestionnaires, décideurs et aménageurs.

4. Sensibiliser et impliquer le grand public. 

Une application mobile de géocaching et science participative permettra au public de découvrir les ouvrages expérimentaux, d’apprendre à identifier des espèces végétales et de contribuer à leur suivi en temps réel.

Quels résultats attendre ?

  • Des outils techniques concrets sous forme de guides techniques en trois parties : modèles naturels, retours d’expériences, recommandations et fiches techniques pour les gestionnaires et décideurs.
  • Un changement de perception des solutions fondées sur la nature grâce à la science participative et aux retours d’expériences.
  • Des bénéfices environnementaux et sociaux :

- restauration de la biodiversité,

- création d’îlots de fraîcheur urbains,

- réduction des coûts de dommages liés aux inondations

- développement d’une culture du risque.

Un projet au service de la résilience climatique

Avec GeniMed, la protection des territoires ne passera plus seulement par le béton, mais aussi par le vivant. Ces techniques allient efficacité, durabilité et bénéfices écologiques. Elles montreront qu’il est possible de répondre aux risques tout en améliorant notre cadre de vie, ainsi que nos santés physiques et mentales.

Le projet, est coordonné par INRAE Grenoble (André Evette) et par l’UMR 5600 Environnement Ville Société (Marylise Cottet). Il associe également plusieurs gestionnaires de cours d’eau (La Compagnie Nationale du Rhône, le Syndicat Mixte de Gestion Intercommunautaire du Buech et de ses affluents, le Syndicat de rivière Brévenne-Turdine et les Pépinières expérimentales ONF de Cadarache et de Guémené-Penfao), et illustre parfaitement la philosophie de la Fondation MAIF : soutenir la recherche pour une société plus sûre et plus durable.


Organismes de recherche et partenaires

Principaux intervenants

Pour l'INRAE, André EVETTE, chercheur et ingénieur, équipe BIOSES

Pour l'UMR 5600 Environnement, Ville Société : Marylise COTTET, Chercheuse en géographie sociale de l'environnement


Date de début / Durée

36 mois