Comment convaincre les ados de porter la ceinture de sécurité dans les cars scolaires ?
Créé le 31/08/21
Les cars scolaires transportent chaque année des dizaines de milliers de personnes dans toute la France.
Malheureusement, seuls 10% des collégiens et des lycéens aujourd'hui portent leur ceinture de sécurité alors que c'est une obligation.
Des nudges pour le port de la ceinture, pourquoi avoir choisi ce projet ?
Aujourd'hui les accidents de car, c'est une réalité. Les cars ont des accidents, se couchent et les élèves peuvent être éjectés ou peuvent passer d'une partie haute du car à la partie basse et donc ce sont des accidents qui peuvent être graves voire mortels. Et d'ailleurs, les préventeurs et les opérateurs de transport scolaire ont mis en place depuis des années des campagnes de prévention et de sensibilisation pour favoriser le port de la ceinture dans les cars.
Malheureusement, le taux de port de la ceinture depuis des années reste à 10%. Ces campagnes ne sont pas aussi efficaces qu'on pouvait l'imaginer. Au regard des effets relativement neutres de ces campagnes, on s'est dit qu'on allait aborder cette question du port de la ceinture dans les cars scolaires d'une manière un peu différente et on l'a abordé par l'angle des sciences comportementales.
Lorsqu'on prend une décision, on a le sentiment d'avoir pris une décision réfléchie, structurée, pensée. Nos décisions sont influencées par un certain nombre d’éléments qui nous environnent et qui vont nous pousser à aller vers tel ou tel choix. Cet environnement, ça provoque ce qu’on appelle les biais cognitifs qui vont inconsciemment nous conduire à prendre certaines décisions. Ces biais cognitifs sont parfaitement rationnels. On peut les analyser, on peut les étudier et on peut agir sur nos comportements en utilisant ces sciences comportementales.
C’est ce qu’on fait avec un objet de communication, qui s’appelle le « nudge » qui le fruit de ces sciences comportementales auquel vous allez être exposés, et qui va vous pousser, à orienter, ou à guider vos choix d’une manière favorable, en l’occurrence là pour sauver les vies, ou pour éviter les accidents.
L’idée du projet c’est d’utiliser ces biais cognitifs, ces sciences comportementales, pour essayer de favoriser le port de la ceinture. C’est-à-dire de pousser des décisions favorables à la sécurité et à la survie des plus jeunes.
Avec qui la Fondation MAIF a-t-elle travaillé sur le sujet ?
Alors sur ce projet, on a travaillé avec 3 interlocuteurs : un expert des sciences comportementales, une grande entreprise, opérateur de transport, « Keolis » et une association, qui travaille depuis des années autour du transport scolaire et la sécurité dans les transports scolaires, l’« ANATEEP ».
Comment fabrique-t-on un nudge ?
Pour fabriquer un nudge, on a d’abord une phase d’idéation, qui consiste à rassembler l’ensemble des parties prenantes. Dans ce cas présent, les chauffeurs de cars, les élèves transportés, les enseignants, les parents d’élèves, et on va essayer de comprendre quels sont les mécanismes, les biais cognitifs, qui vont les conduire à ne pas porter la ceinture.
Une fois qu’on a compris ces mécanismes, qui vont provoquer ces comportements, on va pouvoir imaginer un certain nombre de « nudges », pour contrer ces mécanismes et pour justement influencer différemment les adolescents.
Ensuite on va sélectionner parmi cet ensemble, alors on a souvent plusieurs dizaines de « nudges », on va sélectionner une demi-douzaine de « nudges » qui semblent les plus accessibles, les moins coûteux et on va les tester sur le terrain.
Auriez-vous un exemple ?
A titre d’exemple on peut citer ce que l’on a appelé le « malassis » qui est en fait un fourreau « flashy » qu’on va clipser sur une ceinture, qu’on va en partie dérouler sur une trentaine de centimètres, les adolescents ne peuvent pas l’ignorer donc là on touche à ce qu’on appelle le biais de saillance.
On ne peut pas dire je ne l’ai pas vu, on ne peut pas le louper et puis, l’autre effet, c’est qu’on va jouer sur le biais du choix par défaut, c’est finalement que ce fourreau, il va nous gêner, parce que, soit on s’assoit dessus, il va gêner, soit on ne le met pas et on l’écarte, mais il va gigoter pendant tout le transport, et tout ça cumulé va favoriser le fait de mettre la ceinture.
Quels sont les résultats ?
L’association des « nudges » les plus performants donne un résultat qui est très satisfaisant, puisqu’ le taux de port de la ceinture chez les 11 à 15 ans est passé de 10 à 24 %. Donc on voit que les résultats sont plutôt spectaculaires. Et d’ailleurs « Keolis », dans la région Rhône-Alpes, commence à généraliser ce dispositif dans les transports scolaires.