Des solutions fondées sur la nature pour éviter les inondations

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Risque d’inondation : quand les solutions naturelles reviennent dans le jeu

champs inondés

Créé le 13/11/20, mis à jour le 20/12/23

Carte sur table. Les participants sont réunis autour d’un plateau de jeu en 3D. Une maquette réaliste, qui modélise le territoire d’une ville, à l’habitation et à la parcelle de terrain près. Quelles seront les conséquences d’une inondation, selon les décisions d’aménagement prises par les joueurs ? Ériger des digues ou restaurer des écosystèmes naturels : outil de simulation et de sensibilisation, le serious game SIM-MANA incite à imaginer des compromis vertueux.



Avec effet immédiat. Autour de la table se retrouvent de 5 à 20 personnes, réparties en équipes : mairie, services techniques, commerçants, administrés, organisations environnementales. Tous doivent élaborer des stratégies de prévention du risque d’inondation, en fonction d’impératifs de sécurité, de contraintes budgétaires, de critères sociaux et environnementaux. Après une phase de négociation portant sur le choix des projets à financer, un vote a lieu au sein du conseil municipal. Grâce à la maquette interactive, les projets sont alors mis en œuvre sur le territoire, qui se remodèle en temps réel. La pièce d’origine est remplacée celle contenant le projet d’aménagement. Une crue est alors simulée sur la maquette en 3D : chacun voit les conséquences humaines et matérielles de la décision.

Respect de la biodiversité

Pour nourrir leur stratégie collective, les joueurs, qu’ils soient décideurs, riverains, commerçants ou militants, s’appuient sur des données scientifiques. Renforcer l’existant ou expérimenter des dispositifs innovants : la partie est ouverte. “Si nous avons imaginé ce jeu de simulation dans le but de reproduire et tester des scénarios d’inondation, l’arrière-plan était de promouvoir des solutions respectueuses de la biodiversité et du développement durable”, note Franck Taillandier, chercheur à l’INRAE et cheville ouvrière du projet MANA, développé avec le soutien de la Fondation MAIF.

Jouer avec l’eau. Comme on joue avec le feu. Près de la moitié des communes françaises sont exposées au risque d’inondation. Qu’il se produise par ruissellement ou par débordement des cours d’eau, ce phénomène de submersion entraîne dommages humains et dégâts matériels. Ceux-ci sont estimés par la fédération France Assureurs à quelque 30 milliards d’euros au cours des trois décennies… écoulées. Et que dire des perspectives, avec l’accentuation de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes, liés au changement climatique ?

Des alternatives crédibles

Traditionnellement, les enjeux exposés sont gérés par des mesures structurelles d’ingénierie, comme la construction d’une digue ou d’un barrage, soit des solutions techniques “en dur”. Ces infrastructures ont l’avantage de matérialiser l’engagement de la collectivité territoriale concernée. Mais cette approche classique a montré ses limites, que ce soit pour son efficacité, le coût de construction et de maintenance, la consommation de ressources et l’impact environnemental. Comment (ré)concilier la prévention du risque et le développement durable ? Quelles sont les alternatives crédibles ?

Développé entre 2020 et 2023, le projet MANA veut démontrer qu’une autre démarche est possible. Il s’agit en l’occurrence d’élargir la focale : associer l’ensemble des parties prenantes à la prise de décision et tenir compte de la multiplicité des facteurs qui concourent au mécanisme d’inondation, données physiques et techniques, mais également sociales et comportementales. Une condition nécessaire pour faire de l’aménagement du territoire un projet commun et partagé, qui tienne une balance égale entre les exigences économiques, environnementales et sociales.


Modélisation du territoire

“La philosophie du projet MANA est de réintroduire dans la délibération collective ce que l’on appelle les solutions fondées sur la nature. Autrement dit de s’inspirer des écosystèmes naturels, tels que les marais, les forêts ou les zones humides, qui ont la capacité de stocker et de réguler les débits d’eau excédentaire”, note Annabelle Moatty, géographe chargée de recherche au CNRS, et co-auteure de Sim-MANA. Notamment à la modélisation du territoire pour lequel les joueurs élaborent des stratégies d’aménagement et de prévention.

Dans la panoplie des solutions fondées sur la nature figurent par exemple la végétalisation des toitures ou la création de noues — des fossés peu profonds pour recueillir l’eau de ruissellement. Moins spectaculaires que la construction d’un barrage, ces solutions douces sont à tort considérées comme des protections faibles. Alors que la restauration des écosystèmes naturels est efficace — notamment pour les villes du littoral —, souvent moins coûteuse en entretien et bénéfique pour l’environnement.

Changement de paradigme

Le jeu de simulation SIM-MANA a fait la démonstration de sa pertinence. Primé à Lille en 2022 lors des Rencontres universitaires de génie civil (RUGC) puis en 2023 durant l’International Simulation and Gaming Conference (ISAGA) de La Rochelle, il a aussi attiré les regards au Salon des maires et des collectivités locales. Sur le stand de SMACL Assurances était proposée une déclinaison du jeu en format individuel, avec un choix restreint d’actions à engager face au risque d’inondation. Une version adaptée à la prise de conscience et à un changement de paradigme des décideurs.

“Nous disposons avec SIM-MANA d’un démonstrateur de faisabilité, ce qu’on appelle la “proof of concept”. Nous pouvons le décliner selon plusieurs formats, en fonction des publics et des objectifs visés”, prolonge Franck Taillandier. Avant celui d’une possible application en ligne (web-app), ce sera le cas avec le développement d’un jeu de société destiné au grand public. En attendant, les visiteurs du Palais de la Découverte pourront participer au printemps 2024, hors les murs, à un programme “Un chercheur, une manip” consacré au jeu de simulation SIM-MANA.

Organismes de recherche et partenaires

INRAE

UMR RECOVER

Principaux intervenants

Franck TAILLANDIER, INRAE

Date de début / Durée

36 mois / Novembre 2020

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