Aller vers les seniors, là où ils vivent, pour prévenir les chutes

En 2022, le plan triennal antichute des personnes âgées du gouvernement soulignait l’urgence d’agir face aux deux millions de chutes des plus de 70 ans.

L’axe transversal de ce plan demande « d’alerter et de sensibiliser » et le premier axe consiste à savoir repérer les risques de chute et alerter dans une démarche « d’aller vers » (visites à domicile, équipes mobiles de gériatrie...) et de mise en œuvre d’une politique de prévention primaire, en établissement et à domicile.

C’est dans ce contexte qu’est né le projet PÉCHUS

Les professionnels savent identifier les risques de chute et la communauté scientifique sait les évaluer. Mais de nombreuses personnes âgées échappent à des dispositifs d’évaluation, qui restent attachés pour l’essentiel à un cadre médical, constituant ainsi des zones blanches de la prévention dans les territoires isolés. Par ailleurs, les personnes âgées, comme les professionnels de santé, ne repèrent pas suffisamment ces risques.

Détection, sensibilisation et prévention

Ces constats confortent l’importance de disposer d’outils d’analyse qui puissent être transférables dans différents contextes d’évaluation et qui puissent informer les personnes âgées elles-mêmes, sur les risques pouvant les concerner ainsi que sur les moyens de les prévenir.

L’objectif du projet est de créer un atelier mobile de prévention et de sensibilisation aux risques de chute, destiné à tous les habitants du département de l'Indre-et-Loire de plus de 70 ans. Ce bilan rapide et complet offre un aperçu des capacités motrices et des facteurs de vulnérabilité sociale afin de proposer un plan d'action personnalisé permettant de rester en bonne santé.

Les rencontres ont eu lieu dans les endroits facilement repérables en zone rurale par la population cible et qui peuvent rapprocher des publics qui restent à l’écart des démarches classiques de prévention en santé. Portée par le CHRU de Tours, en partenariat avec l’Université de Toulouse – CRESCO, AbilyCare et Prox6nov, l'étude se déroule sur tout le département de l'Indre-et-Loire.

Avancement du projet

Depuis le lancement des ateliers, 173 seniors de plus de 70 ans ont déjà bénéficié de cette démarche en test. 

Un espace de vie itinérant et un lieu de consultation en même temps

Ce dispositif est proposé sous forme d’un stand mobile, PECHUS, disposant :

• d’une pièce de vie thérapeutique (cuisine), pour inciter à des mises en situation représentant des expériences de vie réelles (réalisée par Prox6nov) ;
• d’un dispositif innovant de mesure et de quantification de l’équilibre statique et de la marche : AbilyCare ;
• d’un questionnaire permettant de mesurer les déterminants psychosociaux en tant que facteurs de risques.

Les mises en situation sont réalisées dans ce contexte écologique et selon le protocole de passation du bilan Équilibre et Vie Quotidienne (EVQ), un test ergothérapique validé et recommandé par la Haute Autorité de Santé dans le contexte de prévention du risque de chute (HAS, 2010). 

Le dispositif AbilyCare apporte la dimension quantitative supplémentaire, en évaluant les capacités motrices des individus (équilibre, marche, force). En savoir plus !

Le croisement des dimensions psychosociologiques avec les données issues des tests EVQ et AbilyCare permet de faire un bilan « biopsychosocial » permettant d’adapter les recommandations aux profils des personnes ayant intégré les ateliers.

Chaque participant reçoit à la fin du parcours des préconisations individualisées, adaptées à son profil, ses capacités et son environnement.

Les ateliers sont organisés dans les communes partenaires, en lien avec les CCAS et les associations locales, afin de renforcer la proximité et le lien social. Cette approche territoriale contribue à rompre l’isolement, un facteur majeur de fragilité chez les plus de 70 ans.

200 entretiens de suivi ont été menés à l’écoute des freins et pour échanger sur les préconisations mises en place. Chaque participant a été ensuite recontacté dans une démarche mêlant innovation technologique, expertise ergothérapeutique et accompagnement humain.

Des résultats très encourageants

Les premiers bilans démontrent la pertinence du dispositif et l’adhésion forte des participants :

• Taux de satisfaction supérieur à 90 % ;
• Plus d’un senior sur deux déclare une amélioration de sa forme et de sa motivation à prendre soin de sa santé ;
• Deux tiers des participants souhaitent poursuivre le programme, avec une préférence pour un suivi annuel ;
• 85 % recommanderaient PÉCHUS à leur entourage.

Au-delà de ces indicateurs, les analyses montrent une corrélation claire entre la pratique régulière de la marche et la préservation de l’autonomie, confortant les messages de prévention promus dans le Plan national antichute.

Les résultats des questionnaires psychosociologiques, menés par le CRESCO, mettent également en lumière des inégalités sociales et genrées face au risque de chute : les femmes se montrent plus attentives à leur santé, tandis que les hommes, souvent plus réticents, nécessiteraient des campagnes ciblées de sensibilisation.

Les populations les moins diplômées ou issues de catégories socio-professionnelles modestes présentent aussi une fragilité accrue, confirmant l’importance de l’aller-vers pour réduire les inégalités de santé.

Vers un modèle de prévention reproductible

Avec un taux de rétention de 70 % à six mois et un impact mesurable sur la qualité de vie, PÉCHUS s’impose comme un modèle innovant et reproductible de prévention des chutes.

Son succès repose sur une alliance forte entre expertise médicale, sciences humaines et engagement territorial.

Les partenaires travaillent désormais à pérenniser le programme et à étendre son déploiement dans d’autres régions. Les analyses finales, attendues début 2026, permettront de mesurer les effets à long terme du dispositif sur la santé et l’autonomie des seniors.

En résumé

PÉCHUS illustre la capacité de la recherche à transformer la prévention en une expérience concrète, humaine et efficace. 

En plaçant la proximité, l’écoute et la motricité au cœur de la démarche, ce projet contribue à bâtir un modèle de bien vieillir actif et autonome, fidèle à la mission de la Fondation MAIF : comprendre le risque pour mieux le prévenir.

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